Lac Titicaca coté péruvien : du tourisme de masse à l’immersion…

Lac Titicaca coté péruvien : mi-figue mi-raisin. Nous sommes passés du tourisme de masse sans plus d'intérêt à une immersion chez l'habitant extraordinaire.

Le Lac Titicaca du côté péruvien à l’inverse du lac coté bolivien, a failli être une visite en accélérée suite à notre passage par les îles Uros (les fameuses îles flottantes) : le temple du tourisme de mauvais goût. Mais nous ne pouvons qu’être réconciliés avec le lac côté péruvien, une fois qu’on arrive chez Balbino à Paramis, petit village qui se trouve sur la côte du lac Titicaca !

Les îles flottantes Uros, une visite qui prend l’eau

Les 60 îles flottantes sont toujours là, la totora (plante) est toujours la matière première utilisée par les habitants pour construire leur habitat (bien que la plupart des maisons soient enveloppées de totora pour cacher la tôle ondulée – MOUAIS), chaque île a un président, il y a sûrement des traditions ancestrales qui subsistent MAIS… la visite est digne d’un tour de manège avec arrêt au stand photo et au coin barba papa. La cerise sur le gâteau, ce sont les enfants qui chantent des chansons dans toutes les langues (« Alouette, gentille alouette » en prend pour son grade). Spécial piège à cons ! A qui en vouloir ? Aux enfants qui chantent n’importe quoi et qui ne sont visiblement pas intéressés par les vraies paroles ? Aux parents ? Aux touristes venus du bout du monde pour PHOTOGRAPHIER l’attraction locale ? Et nous avons tous l’air de petits pantins désarticulés…

Ce que nous avons lu sur les îles Amantani et Taquile, avec le spectacle de danse autour du feu tous les soirs ne nous a pas convaincu non plus !

« Espèce de mérinos mal peignés » (capitaine Haddock), comment vivre une expérience plus sincère au sein d’une communauté péruvienne vivant au bord du lac Titicaca ?

Paramis, le paradis pour ceux qui veulent faire du tourisme rural / chez l’habitant au Pérou

Paramis est une petite communauté de 35 familles d’origine Quechua qui se trouve sur la Péninsule de Capachica (lac Titicaca, Pérou). Le village est situé à flanc de colline et ici ou là, s’imposent de majestueux eucalyptus ou cyprès. Aucun touriste à perte de vue même si le village s’est lancé dans le tourisme rural et écologique en 2007. #CestBonCa!

La communauté vit de la pêche (bien maigre), de l’élevage de truites (bien grosses) et de l’agriculture. La production agricole permet uniquement de subvenir aux besoins des habitants (il n’y a pas de machines, tout est fait à la main et avec l’aide de mules). Les habitants cultivent leurs terres sur un cycle de 4 ans : pommes de terre, tubercules (comme le panais), maïs / blé puis des légumes comme des carottes ou des petits pois. La terre est ensuite mise en jachère pendant 4 ans.

Les habitants accueillent à tour de rôle les (encore) rares touristes qui font le détour par Paramis. On peut y faire différentes activités : farniente devant le lac, se balader, participer aux activités agricoles de sa famille d’accueil, embarquer dans un petit bateau de pêcheur et jeter les filets dans le lac Titicaca (oui, oui pêcher sur le lac Titicaca), découvrir le tissage artisanal et les plantes médicinales.

Nous avons eu la chance de dormir chez le président de l’association qui gère le tourisme rural dans le village. Balbino est un excellent hôte ainsi que Callixto son frère et Francesca sa sœur.

  • Bavardages autour d’une infusion

Nous avons passés deux soirées (enfin au Pérou on se couche à 20h/21h car le soleil se couche à 18h) à siroter des infusions (plantes cueillies dans la colline derrière la maison), à bavarder sur la vie au campo (à la campagne), la culture péruvienne et bien évidemment, nous avons parlé politique !

De ce qu’il en ressort du côté politique, c’est que le gouvernement actuel est un gouvernement d’extrême droite (même si le parti se dit nationaliste) loin des préoccupations des paysans et n’ayant que peu d’intérêt pour la culture indigène Quechua (contrairement au gouvernement bolivien par exemple). Les discriminations sont encore importantes dans le pays et rares sont les élus au niveau national qui parlent quechua. La langue n’est pas étudiée à l’école et elle est souvent dénigrée par les élus (pas pratique quand on va rencontrer le peuple).

Les habitants des petits villages sont délaissés alors que les grandes villes occupent toute l’attention des politiques. Pourtant les revendications sont souvent élémentaires, pour ne pas dire rudimentaires : avoir accès à l’électricité, à l’eau courante, circuler sur des routes goudronnées (cela désenclavera les villages), aider les paysans à améliorer leurs conditions de travail en s’équipant d’outils plus sophistiqués qu’une pioche et une bêche…

  • Woofing improvisé au Pérou

Le tourisme rural est l’occasion de s’immerger dans la vie des habitants : on dort chez un hôte, on mange ensemble et on travaille ensemble (si on le souhaite). Motivés, nous demandons qu’elle est la première activité à réaliser le lendemain matin. Nous n’avions pas bien compris la réponse : récolter des patates, retourner la terre… ON S’EN FOUT, nous sommes juste motivés pour apporter un coup de main !

A 7h, nous nous levons heureux de pouvoir aider un peu. Après 1h de marche dans la colline (beaucoup mieux qu’une heure de métro), nous comprenons que nous allons monter un mur en pierre. On retourne, pousse, tire, roule les grosses pierres.

Nous, Mathilde, Laurent et moi, on porte des sacs de petites pierres pour combler l’intérieur du mur que Sylvestre, Callixto (67 ans) et Balbino ont batti.

“Ya hecho” après 3h de boulot et quelques pauses. Balbino nous explique qu’à trois, ils leurs auraient fallu une bonne journée pour le finaliser.

Mais ce n’est pas fini, nous repartons pour une bonne heure de marche pour aller manger 🙂 GROSSE FAIM ET JAMBES COUPÉS mais cela ne nous empêche pas d’écouter Balbino nous parler des plantes médicinales que nous foulons lors de notre descente.

  • Pêcher sur le lac titicaca : tout en délicatesse

En venant à Paramis, nous avions envie de pêcher du poisson. Pas de palangrotte possible ou alors « on va attendre longtemps » nous a-t-on dit. « La truite ne se pêche pas mais s’élève dans des bassins car il n’y a pas la nourriture nécessaire dans le lac.». Nous embarquons en fin de journée dans le bateau de Basilio pour aller jeter les filets dans la baie. Trente mètres à déployer pour tenter d’attraper les poissons du lac. CURIEUX, nous avons hâte de voir les fameux « petits poissons ». À 7h du matin, nous levons les filets. La pêche nous dit-on, est “bonne” !

Tentez l’expérience, ralentissez la cadence et appréciez la vie péruvienne.

Nous partons heureux d’avoir passé deux jours chez Balbino, Calixto et Francesca.

C’est le type de tourisme idéal : on dort chez l’habitant dans le sud du Pérou et on peut découvrir la vie locale avec plus de sincérité ! Un autre tourisme est possible. C’est donc confiant que nous prenons le bus pour Cuzco car nous savons que nous pourrons faire du tourisme rural dans la vallée sacrée !

Conseils si vous allez au lac titicaca du côté péruvien :

  • Iles Uros (flottantes) : si l’envie ne vous démange pas et que vous n’êtes pas un voyageur carte postale, passez votre chemin. La visite n’a rien d’agréable (hormis les 5 minutes d’explication quand on arrive sur l’île flottante qui nous accueille)
  • Il y a plusieurs communautés qui font du tourisme rural / écologique donc si vous voulez dormir chez l’habitant au Pérou, c’est une super occasion. Vous pouvez vous rendre à Paramis (association El Valle De Paramis), à Escallani (association Munay Suyo) et bien d’autres villages de la péninsule de Capachica
  • Comment aller à Paramis ? De Puno, prendre un collectivo (mini bus – 4 soles) pour Capachica puis un touktouk péruvien sur une route en terre avec un ravin qui donne sur le lac (15 soles pour trois personnes). Si vous arrivez avant 16h à Capachica, vous pouvez prendre un colectivo (surement moins effrayant mais moins sympa aussi). Après 2h30 de trajet les fesses serrées et les dents qui grincent, Balbino vous accueillera avec plaisir
  • Prévenez Balbino afin qu’il puisse organiser votre arrivée. C’est plus sympa que de débarquer à l’improviste dans des familles qui seront gênées de ne pas pouvoir vous servir un délicieux repas frugal : asociación de promoción turística El Valle De Paramis : Balbino Quispe 950 949705 ou 950 812857 ou [email protected] (http://www.astursperu.com)
  • Essayez d’arriver avant 19h car c’est plutôt l’heure du dîner 😉
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4 Commentaires

  • C’est super que vous ayez pu vivre cette expérience !! J’ai également trouvé les îles Uros et Taquile extrêmement décevantes, mais je ne connaissais pas cette autre possibilité. Dommage ! Même si nous avons quand même passé un excellent séjour au Pérou.

  • Nous avons passé quelques jours à Paramis dans la famille de Benancio et Vilma, sur la péninsule de Capachica. C’était fantastique.
    La vue sur le lac depuis le village était à couper le souffle.
    Aucun autre touriste dans le village (moins de 10 visiteurs en 2 ans … )
    ça n’a duré que 3 jours, mais nous avons vraiment eu l’impression d’être en totale immersion, en dehors du temps.
    Ils proposent une super formule, avec participation aux activités (notamment pêche au filet) et, le dernier jour, visite de Taquile et/ou Uros avec Benancio comme guide.
    Vu l’affluence grandissante à Llachon et sur Amantani, je recommande chaudement de découvrir ce petit coin de paradis encore préservé.

    contact (privilégier le téléphone) :
    http://titicaca-paramis.jimdo.com/
    Benancio : 950 81 28 57
    Vilma : 983 37 47 22 / 975 11 42 00

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